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Temple Tôdaiji Nara construit entre 745 et 752 - © |
Le pouvoir ne resta que peu de temps à
Nara. Dès 794 la construction d'une nouvelle métropole débuta à
Heian (l'actuelle Kyôto), l'empereur souhaitant s'éloigner de
l'emprise religieuse bouddhique devenue très forte à Nara. La
nouvelle citée conservera la centralisation du pouvoir impérial
jusqu'en 1868.
Période de Heian (794 – 1185)
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Plan de l'ancienne Heian - © |
Militairement les japonais
s'inspirèrent sans grand succès de la Chine des T'ang. Le service
militaire chinois effectué en lieu et place de l'impôt servait à
repousser les tentatives d'invasion de leurs très longues
frontières. Le Japon isolé ne connaissait pas d'invasion : les
paysans en service militaire provenant des quelques régions sous
contrôle impérial étaient le plus souvent réquisitionnés pour
réaliser des travaux d'infrastructure.
Si sur le long terme l'influence
chinoise sur les structures administratives et politiques étaient
vouées à disparaître, celle en matières d'arts de religion et de
littérature eux eurent un impact plus marqué et s'ancrèrent
progressivement dans le fond culturel déjà existant. Du mélange
des deux civilisations, une sensibilité nouvelle naquit. Depuis la promulgation de la religion bouddhique officielle, les
magnifiques temples fleurirent, abritant des œuvres d'art pour
part provenant du continent, pour part de production japonaise. Le
savoir-faire manuel nippon a su s'adapter et transplanter les
traditions artisanales chinoises pour se les réapproprier. La Chine
a servi également de modèle à l'écriture japonaise. Son influence
est cependant nettement moins bénéfique que celle des arts tant la
langue japonaise n'a rien à voir avec le chinois. En effet le
japonais est une langue agglutinante dont les mots sont
essentiellement composés de polysyllabes et possédant beaucoup
d'inflexions, ce qui rend sa transcription phonétique très simple –
il y a d'ailleurs en japonais l'écriture rômaji qui est ni plus ni
moins que sa transcription phonétique avec notre alphabet –. La construction du
chinois par contre est diamétralement opposée et ne se prête
aucunement à une transcription phonétique, ce qui mena à la création de l'écriture
par kanji, avec comme principe de base un mot = un kanji. Bien
entendu cela rend l'apprentissage très ardu puisque nécessitant de
mémoriser des milliers de signes différents. Le prestige de toutes
choses provenant du continent dissuada les japonais de chercher une
écriture propre plus adaptée à leur langue. Ils empruntèrent donc
au chinois leurs kanji qu'ils employèrent comme équivalents
phonétiques à leurs syllabes. Ce système trouvait bien vite ses
limites avec les particularités de la langue japonaise. Une fois
passé l'écriture des noms ou de courts poèmes, l'utilisation du
chinois courant devenait indispensable pour tous textes plus
complexes. Le chinois était donc utilisé parallèlement notamment
par les plus érudits, comme le latin en Europe médiévale. Grâce à
l'écriture les japonais compilèrent leur histoire dans deux
recueils le Nihongi et le Kojiki. Tous deux sont une mine d'or de
renseignements sur le Japon d'après 400 après JC. Faits historiques
véridiques ou basés sur des croyances orales transmises depuis
l'époque primitive les deux volumes narrèrent pour la première
fois l'histoire du Japon et de la famille impériale. Outre le fait qu'ils soient une source
d'informations historiques privilégiée, ces deux recueils sont
également célèbres pour avoir servi bien plus tard de « bible »
aux ultranationalistes qui rêvaient de renouer avec un Japon perçu
alors comme supérieur aux autres pays.
L'époque Heian était particulièrement
riche, il y a énormément de choses à raconter, même en condensant
un maximum. Si jusqu'au milieu du IXème siècle le Japon était
totalement à l'école de la Chine, la tendance se modifia par la
suite, amenant le pays du soleil levant sur la route de l'autonomie
culturelle et de l’arrivée au pouvoir des Fujiwara ; ce qui fera l'objet de deux autres articles [Nara - Heian 2/3] [Nara - Heian 3/3].